Lactarius Pers.

Tent. disp. meth. fung. (Lipsiae): 63 (1797)

 

Lactifluus (Pers.) Roussel

Fl. Calvados, Ed. 2: 66 (1806)

Les deux genres (Fam. Russulaceae) combinent plus de 450 espèces avec des représentants sur tous les continents à l’exception de l’Antarctique. Environ 110 espèces sont décrites d’Afrique tropicale. La quasi-totalité sont endémiques et 25% ne sont connues que de leur localité-type. De nouveaux taxons sont encore découverts régulièrement, particulièrement en Afrique de l’Ouest (Maba et al., 2015; De Crop et al., 2017).

Plusieurs études phylogénétiques ont mené à la recombinaison d’un grand nombre d’espèces du genre Lactarius dans Lactifluus (Verbeken et al., 2011, 2012; Stubbe et al., 2012; De Crop et al., 2017). Au niveau mondial, 25% des espèces de lactaires sont devenues des Lactifluus, en ce compris 65% des espèces d’Afrique tropicale. Le genre Lactifluus est le plus diversifié en Afrique tropicale, mais plusieurs de ses sous-genres sont aussi représentés sur d’autres continents (De Crop et al., 2017). A l’heure actuelle, aucun caractère macro- ou micromorphologique ne permet de classer les espèces dans Lactifluus ou dans Lactarius (De Crop et al., 2017). Néanmoins, en général les Lactifluus ont des lamprocystides dans le revêtement piléique et des sphérocystes dans le sous-hyménium, alors que les Lactarius n’en ont généralement pas. Les exceptions étant très nombreuses, l’attribution générique devra se faire sur base d’une analyse phylogénétique.

Les espèces de lactaires poussent généralement sur le sol, rarement sur la litière. Elles sont obligatoirement ectomycorrhiziennes et montrent un degré de spécificité par rapport à leur hôte. Certaines espèces semblent très spécifiques alors que d’autres sont plutôt généralistes. En Afrique tropicale, on trouvera les Lactarius et Lactifluus sous Caesalpiniaceae, Dipterocarpaceae et/ou Phyllanthaceae. Les espèces ne sont pas pionnières et apparaissent généralement dans les milieux anciens et peu perturbés. La composition d’espèces est différente dans les systèmes forestiers soudano-guinéen, guinéo-congolien et zambézien mais plusieurs espèces sont présentes dans toute l’Afrique tropicale (Verbeken & Walleyn, 2010). Aucune espèce ne semble avoir été introduite avec des essences exotiques.

Partout au monde, les lactaires sont consommés. En Afrique tropicale, le nombre total d’espèces consommées et vendues sur les marchés est très élevé. Des enquêtes ethnomycologiques en révèlent régulièrement de nouvelles. Au total 30 espèces comestibles, soit plus de 25% du total des Lactarius et Lactifluus, sont originaires d’Afrique tropicale. Les lactaires ne posent quasiment jamais de problèmes d’intoxications. Une seule espèce de climat tempéré est mutagène (Suortti et al., 1983) et plusieurs autres ont une saveur (chair, latex)  fortement poivrée ou même brûlante qui en empêche la consommation (Arora, 1986), du moins à l’état cru. La majorité des espèces étant relativement faciles à reconnaître et sans risque d’intoxication/confusion, les lactaires charnus sont presque tous appréciés et mis en valeur (sur les marchés et le long des routes) par la plupart des ethnies mycophiles de la région zambézienne.

Sporophores à chapeau et pied plus ou moins central, sans voile universel, quelques espèces gastéroïdes (angiocarpes). Chapeau convexe, plan à infundibuliforme, lisse, rarement radialement fibrilleux, tomenteux, rugueux, craquelé ou subtilement écailleux, sec, collant ou sub-mucilagineux, blanc, jaune, orange, beige, rouge, rosâtre, bleuté, verdâtre, brun, brun grisâtre à noirâtre. Hyménophore parfois séquestré (formes angiocarpes) mais plus généralement à lamelles adnées à décurrentes, cassantes, espacées à très serrées, blanches, jaunes, orange, beige à brun foncé, arête concolore ou non. Pied cylindrique ou réduit, voile partiel absent ou présent, anneau absent ou présent; contexte mou et cassant, généralement exsudant un latex (lait) transparent à blanc, immuable ou non, et alors devenant jaune, rose, orange, rougeâtre, violet, turquoise, bleu ou noirâtre. Sporée généralement pâle, blanche, crème à jaunâtre, exceptionnellement brune pour une espèce africaine. Spores globuleuses à subglobuleuses, rarement ellipsoïdes ou allongées, généralement ornementées de pustules, verrues, épines, côtes ou crêtes, reliées ou non par un réseau bas, amyloïdes, avec ou sans plage et sans pore germinatif distinct. Basides clavées à cylindriques, généralement 4-spores; cheilocystides et pleurocystides présentes, de formes variables. Système d’hyphes monomitique, boucles absentes. Revêtement piléique très complexe et diversifié, selon les espèces de type rectocutis, ixorectocutis, trichoderme, ixotrichoderme, tomentum, ixotomentum, pallissadique, avec ou sans éléments à paroi épaisse (lampropalissade); trame des lamelles à sphérocystes et hyphes lactifères d’où naissent les pseudopleurocystides et pseudocheilocystides, essentielles pour séparer les Lactarius et Lactifluus des Russula.

The two genera (Fam. Russulaceae) combine more than 450 species with representatives on all continents except Antarctica. About 110 species are described from tropical Africa. Almost all of them are endemic and 25% are known only from their type locality. New taxa are still being discovered regularly, particularly in West Africa (Maba et al., 2015; De Crop et al., 2017).

Several phylogenetic studies have led to the recombination of a large number of species of the genus Lactarius in Lactifluus (Verbeken et al., 2011, 2012; Stubbe et al., 2012; De Crop et al., 2017). Globally, 25% of the species of milkcaps have become Lactifluus, including 65% of tropical African species. The genus Lactifluus is the most diverse in tropical Africa, but several of its subgenera are also represented on other continents (De Crop et al., 2017). At present, there are no macro- or micromorphological characters that allow species to be classified in Lactifluus or Lactarius (De Crop et al., 2017). Nevertheless, in general Lactifluus have lamprocystidia in the pieipellis and spherocysts in the sub-hymenium, whereas Lactarius generally do not. Since there are many exceptions, generic attribution should be based on phylogenetic analysis.

 

Species of milkcaps generally grow on the soil, rarely on the litter. They are obligatory ectomycorrhizal and show a degree of specificity in relation to their host. Some species seem very specific while others are rather generalist. In tropical Africa, Lactarius and Lactifluus can be found under Caesalpiniaceae, Dipterocarpaceae and/or Phyllanthaceae. The species are not pioneers and generally appear in ancient and undisturbed environments. Species composition is different in the Sudano-Guinean, Guineo-Congolian and Zambesian forests but several species occur throughout tropical Africa (Verbeken & Walleyn, 2010). No species appears to have been introduced with exotic species.

Milkcaps are consumed all over the world. In tropical Africa, the total number of species consumed and sold in markets is very high. Ethnomycological surveys regularly reveal new ones. A total of 30 edible species, or more than 25% of the total Lactarius and Lactifluus, are native to tropical Africa. Milkcaps almost never pose problems of intoxication. Only one species from temperate climates is mutagenic (Suortti et al., 1983) and several others have a flavour (flesh, latex) which is strongly peppery or even burning, which prevents consumption (Arora, 1986), at least in the raw state. Since most species are relatively easy to recognize and without risk of intoxication/confusion, fleshy milkcaps are almost all appreciated and sold (in markets and along roads) by most mycophilic ethnic groups in the Zambesian region.

 

Sporophores with cap and more or less central stipe, without universal veil, some gasteroid species (angiocarps). Cap convex, plane to infundibuliform, smooth, rarely radially fibrous, tomentose, rough, cracked or subtly scaly, dry, sticky or sub-mucilaginous, white, yellow, orange, beige, red, pinkish, bluish, greenish, brown, greyish-brown to blackish. Hymenophore sometimes sequestrated (angiocarp forms) but more generally with lamellae adnate to decurrent, brittle, spaced to very tight, white, yellow, orange, beige to dark brown, with or without a concolour edge. Stipe cylindrical or reduced, partial veil absent or present, ring absent or present; context soft and brittle, usually exuding a transparent to white latex (milk), unchanging or not, and then becoming yellow, pink, orange, reddish, violet, turquoise, blue or blackish. Spore print usually pale, white, cream to yellowish, exceptionally brown for an African species. Spores globose to subglobose, rarely ellipsoid or elongate, usually with pustules, warts, spines, ribs or ridges, connected or not by a low, amyloid network, with or without a range and without distinct germinative pore. Basidia clavate to cylindrical, generally 4-spore; cheilocystidia and pleurocystidia present, of variable shapes. Hyphae monomitic, clamp connections absent. Pileipellis very complex and diverse, depending on the species, a rectocutis, ixorectocutis, trichoderm, ixotrichoderm, tomentum, ixotomentum, pallissadic, with or without thick-walled elements (lampropalissade); trama with spherocysts and lactiferous hyphae, from which originate the pseudopleurocystidia and pseudocheilocystidia, essential for separating Lactarius and Lactifluus from Russula.